Martin Kaulen

« Cette œuvre polysémique est littéralement à double-sens. D’un côté l’artiste présente une série de dessins d’objets précolombiens, de l’autre des cartons de marchandises de fruits et légumes venus d’Amérique-Latine. Martín Kaulen suit un protocole rigoureux : dans un premier temps il glane des cartons, identifie leur distributeur et localise les plantations, puis il enquête sur les peuples expropriés qui s’y trouvaient, et reproduit des artefacts issus de ces communautés actuellement stockés dans des collections européennes. Ces fantômes, qui dans les musées sont destinés à matérialiser l’emplacement de pièces absentes momentanément, évoquent les communautés autochtones exterminées et invisibilisées. Les objets volés qui se retrouvent par milliers dans les musées européens, perdent leur fonction originale et deviennent purement ornementaux. Décontextualisés et enfermés dans des vitrines aseptisées, ils rejouent la violence coloniale propre à leur collecte. »

Margaux Knight, commissaire de l’exposition radicar raði'kaɾ (2024) à Poush

« Plus rien n’est « à l’endroit », les modèles eux-mêmes sont stockés au sein de collections européennes et « l’envers » se donne comme seule indication où les couleurs criardes et les inscriptions tronquées perdent leur sens. L’ensemble dessine une collection baroque, grave et attachante où le rituel se mêle à la figuration d’enjeux politiques et économiques fondamentaux mortifères pour des traditions dont subsistent des fantômes. »

Guillaume Benoit, magazine Slash Paris (11 avril 2024)

Martín Kaulen (Santiago du Chili, 1988) est un artiste visuel d'origine chilienne basé à Paris. Il est titulaire d'une Licence en Arts de la Universidad Católica du Chili et d'un Master en Production et Recherche Artistique de l'Université de Barcelone. Il a participé à plusieurs résidences artistiques, notamment Cultures d’Avenir (Centre Pompidou, Paris, 2022) et au ZKM (Karlsruhe, 2014). Son travail a été exposé à Poush (Aubervilliers, 2024), Galería Patricia Ready (Santiago du Chili, 2023), Goethe Institut (Paris, 2023), Centre d'Arts Santa Mònica (Barcelone, 2022), Musée du Petit Format d'Art Contemporain, (Nismes, 2022), Museu Etnològic (Barcelone, 2021), Festival PAC (Marseille, 2020), DDessin (Paris, 2020) et la Galerie Patricia Dorfmann (Paris, 2019).

Sa pratique artistique remet en question les récits occidentaux en adoptant une perspective divergente, ouvrant ainsi la voie à des lectures alternatives du discours historique dominant. Dans ses recherches les plus récentes, il explore des stratégies visuelles qui tissent des liens entre le territoire, ses habitants et l’action des institutions culturelles dans le cadre de l’extractivisme des ressources alimentaires. Il mobilise divers médiums, notamment la sculpture, l’installation, le dessin, et des techniques de muséographie.