Ecran 2
2024
Huile sur bois préparé au gesso
30 x 50 x 5 cm
Description de l'oeuvre
L'intention de cette pièce était de peindre l'écran d'ordinateur comme une nature morte, un objet physique avec ses propriétés matérielles : une surface plane et lisse duquel émane une lumière bleue mais qui est aussi sujet aux reflets quand la lumière extérieure est plus forte que celle émise par l'écran.
De ce jeu de lumière naît un jeu de reflets et de transparence. L’écran fait apparaître une figure seule, partiellement effacée par l’image qu’elle regarde et qui se retrouve presque ironiquement spectatrice d’elle-même. L’image en son centre représente un paysage de sous-bois où le ciel couchant se reflète dans un étang, clin d’œil à l’un des plus anciens sujets de la peinture : la fenêtre, l’image dans l’image.
Cette fenêtre digitale nous invite à la réflexion sur l’évolution de notre rapport aux écrans, à la nature et plus globalement au réel.
Biographie de l'artiste
Laurent Moulinat est né en 1990 dans les Yvelines, a grandi et vit actuellement entre la banlieue parisienne et Le Havre. Il s’initie d’abord au pastel gras puis à la peinture à l’huile de manière autodidacte. Après des études en langues étrangères, il étudie l’histoire de l’art à la Sorbonne. Quelques années plus tard il se lance en tant qu’artiste plasticien. Autour de la peinture à l’huile qui reste son médium majeur, il explore d’autres médiums comme le graphite et le pastel.
Statement
Laurent Moulinat dépeint un monde périurbain inspiré de son propre environnement. Un univers où se rencontrent espaces naturels et infrastructures humaines. Il questionne notre rapport au réel à l’heure de l’hypermobilité, dans un monde hyperconnecté, saturé d’écrans. Un monde où l’individu s’efface, comme un fantôme à la fois omniprésent et absent, en décalage avec son environnement naturel. Il dépeint des instantanés de vie quotidienne et des paysages où le sujet ne se révèle pas immédiatement. Il fabrique des images où la notion de voile revient de manière récurrente, que ce soit par la représentation de reflets à travers fenêtres et écrans, de végétation, de neige ou du bruit d’une image pixelisée. Inspiré par les travaux d’artistes comme Peter Doig ou E. Munch, il explore la notion d’accident dans l’image en se servant parfois de sources détériorées. Ces altérations picturales s’intègrent au processus créatif et servent à épaissir davantage le mystère d’un monde où le réel est un cri dont l’écho faiblit un peu plus chaque jour.
Dans ses paysages, il aborde cette période de prise de conscience que nous vivons concernant les enjeux environnementaux et climatiques actuels à travers la notion du sublime dans l’art. Autrefois en position de contemplateur à l'abri des éléments, l'Homme est désormais vulnérable, embourbé dans un processus qu'il peine à mesurer. Face à ce changement de paradigme, il s'interroge sur les formes que peut prendre le sublime dans la peinture de nos jours. Cette recherche se cristallise dans des images aux jeux de lumières naturelles et artificielles ambigus et subtils ou encore dans la représentation de paysages où émergent les signes à peine perceptibles de changements profonds.